Sur nos écrans!
lle temps quadrille & le temps danse une pavane en transparence
& tout ça les yeux dans les yeux ! caroline D.
Le foulard oublié
« Va-et-vient » numéro 4
Dans la lignée des célèbres Vases communicants, ce numéro 4 de Va-et-vient reprend le même schéma de communication : des personnes qui écrivent un texte (avec ou sans illustration) sur le blog des autres. Ce jeu littéraire paraît tous les premiers vendredis du mois. Le thème de celui-ci s’intitule « Le foulard oublié ».
Pour cette édition, un texte d’Amélie Gressier vient sur le : Désert occidental. quand Jean-Yves Beaujean va sur son blog Plume dans la main,
……. D’autres vont & viennent !
Jérôme Decoux voit sa contribution paraître sur Métronomiques & Dominique Hasselmann sur Carnets paresseux. Marie-Christine Grimard a échangé avec Marlen Sauvage et est hébergée sur le blog de celle-ci : Les ateliers du déluge, tandis qu’elle l’accueille sur Promenades en Ailleurs. L’autre échange se déroule entre Brigitte Célérier qui est publiée sur le blog de Dominique Autrou : La distance au personnage, tandis que lui-même voit sa contribution figurer sur le blog de celle-ci, Paumée.
J’y ai réfléchi longtemps.
Tu t’es assez tu pour que j’affûte ma lame.
Tu m’as assez parlé pour que j’aiguise mon couteau.
Entre les deux il y a mille choses.
Le froid glacial.
La lande déserte, l’herbe givrée qui crisse sous nos pas.
La lune, pleine dans deux jours.
Si tu n’avais pas oublié ce foulard, on ne serait pas là, toi et moi. Tu serais en train de me consoler, de me dire d’être forte, en train de te rapprocher, une amie dont je serais incapable de comprendre les intentions. Les fleurs du cimetière pas encore fanées, j’imagine très bien ta voix doucereuse, tes mots vénéneux, comme un poison.
Quelques gouttes de sang sur un morceau de tissu égaré, c’est si petit. Mais dans chacune d’elles, sa vie pulse et la mienne avec.
Le faisceau de ma lampe torche.
Ta silhouette qui avance devant moi, sans plus oser se retourner.
L’odeur de la neige, la buée de nos souffles quand nous expirons,
nos voix qui se taisent.
Nos voix qui se taisent car tout est dit.
Tu n’as plus rien à faire ici.
Ce foulard, je te l’avais offert avant que tu ne partes.
Quelle belle ironie.
Parfois je me demande si tu l’as vraiment oublié.
Peut-être voulais-tu que je le trouve.
J’ai fini par m’en convaincre.
Tu vas voir.
Moi aussi j’ai le sens de la mise en scène.
Amélie Gressier