Rose

D’une chanteuse réaliste

Elle a déteint
De rose à
Fleur fanée
Dernier parfum léger
Frêles ailes de papillons
Dans un livre oublié.

Elle se chiffonne
D’un rien
D’une lettre à
L’enveloppe griffée
Même son timbre
S’estompe
Sa voix est éraillée.

Elle a du chien perdu
Sans laisse, sans collier.


mirliton
Impressions j’y beaujean juin 23

Le foulard oublié

« Va-et-vient » numéro 4

Dans la lignée des célèbres Vases communicants, ce numéro 4 de Va-et-vient reprend le même schéma de communication : des personnes qui écrivent un texte (avec ou sans illustration) sur le blog des autres. Ce jeu littéraire paraît tous les premiers vendredis du mois. Le thème de celui-ci s’intitule « Le foulard oublié ».

Pour cette édition, un texte d’Amélie Gressier vient sur le : Désert occidental. quand Jean-Yves Beaujean va sur son blog Plume dans la main,

……. D’autres vont & viennent !

Jérôme Decoux voit sa contribution paraître sur Métronomiques & Dominique Hasselmann sur Carnets paresseux. Marie-Christine Grimard a échangé avec Marlen Sauvage et est hébergée sur le blog de celle-ci : Les ateliers du déluge, tandis qu’elle l’accueille sur Promenades en Ailleurs. L’autre échange se déroule entre Brigitte Célérier qui est publiée sur le blog de Dominique Autrou : La distance au personnage, tandis que lui-même voit sa contribution figurer sur le blog de celle-ci, Paumée.

J’y ai réfléchi longtemps.
Tu t’es assez tu pour que j’affûte ma lame.
Tu m’as assez parlé pour que j’aiguise mon couteau.
Entre les deux il y a mille choses.
Le froid glacial.
La lande déserte, l’herbe givrée qui crisse sous nos pas.
La lune, pleine dans deux jours.

Si tu n’avais pas oublié ce foulard, on ne serait pas là, toi et moi. Tu serais en train de me consoler, de me dire d’être forte, en train de te rapprocher, une amie dont je serais incapable de comprendre les intentions. Les fleurs du cimetière pas encore fanées, j’imagine très bien ta voix doucereuse, tes mots vénéneux, comme un poison.
Quelques gouttes de sang sur un morceau de tissu égaré, c’est si petit. Mais dans chacune d’elles, sa vie pulse et la mienne avec.

Le faisceau de ma lampe torche.
Ta silhouette qui avance devant moi, sans plus oser se retourner.
L’odeur de la neige, la buée de nos souffles quand nous expirons,
nos voix qui se taisent.
Nos voix qui se taisent car tout est dit.

Tu n’as plus rien à faire ici.

Ce foulard, je te l’avais offert avant que tu ne partes.
Quelle belle ironie.
Parfois je me demande si tu l’as vraiment oublié.
Peut-être voulais-tu que je le trouve.
J’ai fini par m’en convaincre.

Tu vas voir.

Moi aussi j’ai le sens de la mise en scène.

Amélie Gressier

Visages

Visages

L’image rebondit du stylo
À l’entendre
Quelques traits en aveugle
Loin de se figurer, tremblent
De rendre encore plus vrai
Les visages du tendre
Voire du désespéré.

mirLiton
Carnet 2023 j’y beaujean

Oh my god, se dit-elle
Sous les sourcils du temps
Est-ce qu’on cache tant de soi
Que l’on passerait sa vie
À dévoiler le tendre?

CaRoline D.

Cha-U-Kao

Peinture 160/80cm/2000/2023 j’y beaujean

Cha- U- Kao

Se profile dans l’ombre
(Le rideau toujours pas tiré)
La clownesse qui répète son entrée
Prête à gesticuler, prête à se déhancher.

Se souvenir de son chahut
Des rires qu’elle déclenche
En contorsions lascives
& l’ivresse des tourbillons
trainant les ailes du moulin.

Au japon qu’elle estampe
La câline s’entraine
À oublier demain.

mirliton


On l’a vue traverser la nuit
dans toutes ses déchirures
se moquant bien des appétences
des gris au bois dormant

C’est tout emmitouflée de bleu
qu’elle fonça sur le jour
ses roses tendant vers le blanc
de la plus belle peau de papier

caroLine D.

L’allusive

L’allusive

Tout tient de l’illusion
Du souvenir à peine prononcé
Du moment où l’indifférencié
à l’allusion tracée
comme aux méandres de la pensée
sur une feuille de papier
l’alluvion gris est posé.

mirliton
Carnet crayon j’y beaujean 2023

Tournures elliptiques
Douces évocations
d’un vent libre dans sa déhanche
comme une lune dans le brouillard
ou un bateau, au loin
qui s’approche du phare


caroline D.

Dormeuse



L’autochrome laissait filer le paysage
Entre deux gares, un temps comme un berceau
Quelques rayures d’arbres gesticulaient
L’oubliée au profond sommeil

Non! Laissez la encore rêver.

mirliton


un train, un train
en bel entredeux de partout
d’un jour, d’un lieu
ou peut-être d’un rendez-vous
un train, un train
& mon corps se dépose

… caroline D.

rêveuse

Loin de là

les pensées retenues
lentement ruminées
un air bougon
un âge où tout n’est pas encore
mais sensible
à l’irréel à venir.

mirLiTon


Sans doute mais voilà
puisque déjà j’ai l’âge
des mers & des déserts
il s’en vient le matin
chaud de mon siroco
où sans donner ma langue
ni aux chats ni aux rois
ni aux avares fous
je rêverai des histoires
dans le sable

caroline D.

P’tits personnages isolés


P’tits personnages isolés

À quelques pages de là
Il cherche une piste
Une manière de déjouer
Le cadre, l’immobile crayon
&
Traverser l’espace blanc du carton
Pour rejoindre une belle
idéale cavalière.

miirliiton
Crayon J’y beaujean 2023

C’est facile pourtant de passer
sur la page des tendres
Prends le pont de papier mâché
dans le ciel à se fendre
&
Loin, à des pages de là
La belle se gèle encore les doigts
L’hiver veut pas céder le pas
Allez printemps, déniaise-toi !

Caroline D.

Algonquin

L’illustre peinture

S’applique au bout du rouleau &
dispense du tube son piment oiseau
Coloris brouillé, dilaté, épatant épice
Que d’un doigt, délice,
Je lisse, joli raccourci .

Mirliton


D’en aimer l’orgie de couleurs
& le vent sur elle & le reste
À y venir, on y sait clair
À y rester, on perce neige
C’est la beauté qui s’époumone
le printemps est bien là


caroLine D.