Dans la lignée des célèbres Vases communicants, ce numéro 4 de Va-et-vient reprend le même schéma de communication : des personnes qui écrivent un texte (avec ou sans illustration) sur le blog des autres. Ce jeu littéraire paraît tous les premiers vendredis du mois. Le thème de celui-ci s’intitule « Le foulard oublié ».
Pour cette édition, un texte d’Amélie Gressier vient sur le : Désert occidental. quand Jean-Yves Beaujean va sur son blog Plume dans la main,
……. D’autres vont & viennent !
Jérôme Decoux voit sa contribution paraître sur Métronomiques & Dominique Hasselmann sur Carnets paresseux. Marie-Christine Grimard a échangé avec Marlen Sauvage et est hébergée sur le blog de celle-ci : Les ateliers du déluge, tandis qu’elle l’accueille sur Promenades en Ailleurs. L’autre échange se déroule entre Brigitte Célérier qui est publiée sur le blog de Dominique Autrou : La distance au personnage, tandis que lui-même voit sa contribution figurer sur le blog de celle-ci, Paumée.
J’y ai réfléchi longtemps. Tu t’es assez tu pour que j’affûte ma lame. Tu m’as assez parlé pour que j’aiguise mon couteau. Entre les deux il y a mille choses. Le froid glacial. La lande déserte, l’herbe givrée qui crisse sous nos pas. La lune, pleine dans deux jours.
Si tu n’avais pas oublié ce foulard, on ne serait pas là, toi et moi. Tu serais en train de me consoler, de me dire d’être forte, en train de te rapprocher, une amie dont je serais incapable de comprendre les intentions. Les fleurs du cimetière pas encore fanées, j’imagine très bien ta voix doucereuse, tes mots vénéneux, comme un poison. Quelques gouttes de sang sur un morceau de tissu égaré, c’est si petit. Mais dans chacune d’elles, sa vie pulse et la mienne avec.
Le faisceau de ma lampe torche. Ta silhouette qui avance devant moi, sans plus oser se retourner. L’odeur de la neige, la buée de nos souffles quand nous expirons, nos voix qui se taisent. Nos voix qui se taisent car tout est dit.
Tu n’as plus rien à faire ici.
Ce foulard, je te l’avais offert avant que tu ne partes. Quelle belle ironie. Parfois je me demande si tu l’as vraiment oublié. Peut-être voulais-tu que je le trouve. J’ai fini par m’en convaincre.
L’orthogonale du dos Coincée par le dossier & l’a t elle attendu Le joli cœur sorcier Le charmeur, envolé, le joli cœur croisé.
mirliton
On avait cru pourtant que là dans le jardin pied levé sur l’Assise apaisée d’arbre Tendre dans le matin venant la Belle chantait l’oiseau qui s’éveille
L’image rebondit du stylo À l’entendre Quelques traits en aveugle Loin de se figurer, tremblent De rendre encore plus vrai Les visages du tendre Voire du désespéré.
mirLitonCarnet 2023 j’y beaujean
Oh my god, se dit-elle Sous les sourcils du temps Est-ce qu’on cache tant de soi Que l’on passerait sa vie À dévoiler le tendre?
Tout tient de l’illusion Du souvenir à peine prononcé Du moment où l’indifférencié à l’allusion tracée comme aux méandres de la pensée sur une feuille de papier l’alluvion gris est posé.
mirlitonCarnet crayon j’y beaujean 2023
Tournures elliptiques Douces évocations d’un vent libre dans sa déhanche comme une lune dans le brouillard ou un bateau, au loin qui s’approche du phare
Comment les faire se rencontrer ? L’étendue d’une plage ? Faire une grande geste d’appels, de jeux, de rires. Mais j’oubliais, la toile est un souvenir Longtemps oublié où chacun rejoue un bout d’histoire.
L’autochrome laissait filer le paysage Entre deux gares, un temps comme un berceau Quelques rayures d’arbres gesticulaient L’oubliée au profond sommeil
Non! Laissez la encore rêver.
mirliton
un train, un train en bel entredeux de partout d’un jour, d’un lieu ou peut-être d’un rendez-vous un train, un train & mon corps se dépose
les pensées retenues lentement ruminées un air bougon un âge où tout n’est pas encore mais sensible à l’irréel à venir.
mirLiTon
Sans doute mais voilà puisque déjà j’ai l’âge des mers & des déserts il s’en vient le matin chaud de mon siroco où sans donner ma langue ni aux chats ni aux rois ni aux avares fous je rêverai des histoires dans le sable
À quelques pages de là Il cherche une piste Une manière de déjouer Le cadre, l’immobile crayon & Traverser l’espace blanc du carton Pour rejoindre une belle idéale cavalière.
miirliitonCrayon J’y beaujean 2023
C’est facile pourtant de passer sur la page des tendres Prends le pont de papier mâché dans le ciel à se fendre & Loin, à des pages de là La belle se gèle encore les doigts L’hiver veut pas céder le pas Allez printemps, déniaise-toi !
Outre que l’on ne l’a jamais entendu parler il cherchait à même la peau l’ombre. Un territoire à observer Une fine couche rose alléchante embrassant un dos à épicer son chapeau vague virait en chaloupe. ( les murmurateurs auraient voulu sévir )
Y’a les bateaux qui s’emmêlent se dévoilent à l’horizon les nuages qui donnent sans raison l’espoir d’un autre bout du monde &cet air qui frise l’inconscience d’y aller chercher l’abandon.
S’applique au bout du rouleau & dispense du tube son piment oiseau Coloris brouillé, dilaté, épatant épice Que d’un doigt, délice, Je lisse, joli raccourci .
Mirliton
D’en aimer l’orgie de couleurs & le vent sur elle & le reste À y venir, on y sait clair À y rester, on perce neige C’est la beauté qui s’époumone le printemps est bien là …