Va et vient 09


Petit rappel : le Va-et-vient est un échange entre auteurs qui écrivent un texte, illustré ou non, sur le blog de l’autre.
récapitulatif pour le premier échange de 2024 !
"L'impossible solution"

Les duos sont
Brigitte Célérier : https://brigetoun.blogspot.com/ (Paumée)
Dominique Hasselmann : https://hadominique75.wordpress.com/ (Métronomiques)


Marie-Christine Grimard : https://mariechristinegrimard.wordpress.com/ (Promenades en ailleurs)
Dominique Autrou : https://ladistanceaupersonnage.fr/


Marlen Sauvage : https://les-ateliers-du-deluge.com/
Jérôme Decoux : https://carnetsparesseux.wordpress.com/


Jean-Yves Beaujean : https://desertoccidental.wordpress.com/ (Désert occidental)
Amélie Gressier : https://plumedanslamain.wordpress.com/


Le prochain va-et-vient aura pour thème « d’un redoublement l’autre »,

Amélie Gressier

De toute façon, il n’a pas le choix. Il ne l’a jamais eu. Pour lui, ça fait partie de la beauté de sa mission. C’est un non-sujet.

Comme sa mère avant lui et son grand-père avant elle, il n’est là que pour une chose : transmettre des récits. Une histoire, un groupe de personnes, un lieu. Et lorsque le mot Fin est prononcé, la nuit vient et lui annonce la prochaine fable, le prochain peuple, la prochaine destination. Alors il repart. C’est un voyageur, comme Ulysse dans L’Odyssée. Il est raconteur d’histoires, et dans quelques années, sa fille suivra le même chemin.

Il ne connaît ni la date ni l’heure, mais sait toujours où il se trouve et comment atteindre sa destination. Aujourd’hui, il doit rejoindre ces hommes et ces femmes du froid, protégés par des fourrures, chasseurs et pêcheurs qui vivent loin de tout et de tous. Il les a déjà visités, il y a une dizaine d’années. Il s’en souvient. C’était l’été, il avait terminé son périple en barque et les enfants étaient venus l’accueillir sur la berge.

Cette fois, c’est différent. C’est le début du printemps. Quand le soleil est au zénith, la température ne doit même pas avoisiner les -5°C. Il y a du vent qui cingle les joues et qui finit par saoûler, fatiguer et déprimer. Dans ces moments, il pense fort à Marche ou crève, se disant qu’au moins il ne va pas se faire abattre par un soldat, et il continue, sans plus réfléchir, sans s’arrêter.

C’est précisément ce qu’il fait maintenant. Il avance face au vent, comme La Horde du Contrevent, jusqu’à son extrême-amont à lui, ce village glacé. Puis il réalise que le sol a changé. Depuis quelques dizaines de mètres, il ne marche plus sur de la neige durcie par le froid, mais sur un lac gelé. Et c’est là qu’inconsciemment, il se dit qu’il n’a pas le choix, comme les danseurs dans On achève bien les chevaux. L’arrêt n’est pas une option. Sinon tout s’effondre et tout ce qu’il aura fait jusqu’à présent n’aura plus aucun sens.

Toutefois, il fait un dernier pas et se retrouve immobile. C’est une sensation étrange et surprenante. Il a besoin de réfléchir, et ce besoin lui fait peur car pour la première fois, il a un problème qui n’a pas de solution.

Il fait froid mais pas assez, il doit atteindre le village mais ne peut pas contourner le lac, il veut vivre mais ne peut pas reculer. 

Alors il pense aux Fourmis, pas celles de Werber, celles de Vian, et il se dit que c’est drôle que deux livres aient le même titre, et que ça ferait sourire sa fille.

Sous ses pieds, la glace craque. Juste un petit peu. Puis elle se tait. Le temps de trouver une solution.

Charivari

Charivari

⁃ Dites donc! M’sieur Gavin, en v’là des inventions! J’vas m’acheter une robe et on m’parle étranger, ils me baragouinent des mètres, des thermomètres des baromètres! ..a t on vu ça?

⁃ Et moi donc! La fruitière au lieu de quatre onces de beurre, elle m’emberlificote avec des grammes! des filagrammes et des programmes! (11février 1840)


C’est rien, ça! Z’auriez dû voir la laitière hier qui se comprenait plus elle-même entre les chopines et les pintes, les litres et les pots. Dites-moi, m’sieur Gavin, dans quel monde est-ce qu’on vit?
Si ça se trouve, à force de s’penser fins, ils vont inventer des machines pour penser à not’ place. C’est qu’on n’est pas sortis du bois, oh non que j’vous dis, on n’est pas sortis du bois ! 🌫Line.D

L’obscure

L’obscure

Oubliant qu’alentour s’agitent les grimaces
Beaucoup d’hésitation dans ce regard perdu
Soudain traversé par un hoquet de pleurs

Curieuse sensation d’être à découvert
Unique moment pour elle de se reconnaitre
Rancœur, désolation & larme solitaire
Elle redoute le miroir des eaux lisses du fleuve.

miRLiton


Si tellement que l’ombre
N’appartient qu’au matin
& que le ciel ouvert se penche en égérie
Elle retient de ce fleuve
Tous les cailloux d’enfance
Ne voulant que le sable
Pour y glisser ses pieds

caroLine D.

La dorée

La dorée

S’en fiche du regard des autres
S’enfuit, seule, la nuit aux étoiles
S’invente des constellations
Là! Le geai, l’hérisson !
& quand d’un ciel noir s’allument
à ses yeux les filantes
Elle, elle les garde, yeux fermés
à faire l’innocente
jusqu’à plus voir tourner
la terre, k’est aussi émouvante.

mirliton


Question d’aube & de terre
de petit nez au vent des feuilles
& de lumière au fond des joues,
elle sait depuis son coeur sauvage
colorer les grands champs d’orages
& d’horizons à prendre.

Sur le tout-venant de l’automne,
elle s’habille d’ocre & de miellé
& prépare l’hiver.

Caroline D.

Trois p’tits riens

Tois p’tits riens

attendant d’arriver
le marchand de sornettes s’amusait à plier
Des tickets?
Il disait des cuillères,des doses à thé
Se croyait japonais, on bien lapsang anglais
Prenait malin plaisir à faire le distingué
trempait mēme les couleurs dedans sa tasse fêlée
& le corton bouilli, trempé s’en est décomposé.

Mirliton

En filigrane

En filigrane

Fille de fer

translucide
au détour des cartes
tu t’illusionnes d’un avenir
où miss câline, peut être demain,
tu découvres au revers des cartons
un destin de papier mâché.

mirLiTon


Dans l’entrelacement
du métal & du verre
se trouvait la mémoire de l’autre.
Devant le retour impossible,
elle y avait soudé
un fil d’éternité.

Ce jour-là,
de ses yeux d’horizon
elle regardait le chat.
Il dormait comme une boule
sur le plancher de bois.

CaroLine D.

Le foulard oublié

« Va-et-vient » numéro 4

Dans la lignée des célèbres Vases communicants, ce numéro 4 de Va-et-vient reprend le même schéma de communication : des personnes qui écrivent un texte (avec ou sans illustration) sur le blog des autres. Ce jeu littéraire paraît tous les premiers vendredis du mois. Le thème de celui-ci s’intitule « Le foulard oublié ».

Pour cette édition, un texte d’Amélie Gressier vient sur le : Désert occidental. quand Jean-Yves Beaujean va sur son blog Plume dans la main,

……. D’autres vont & viennent !

Jérôme Decoux voit sa contribution paraître sur Métronomiques & Dominique Hasselmann sur Carnets paresseux. Marie-Christine Grimard a échangé avec Marlen Sauvage et est hébergée sur le blog de celle-ci : Les ateliers du déluge, tandis qu’elle l’accueille sur Promenades en Ailleurs. L’autre échange se déroule entre Brigitte Célérier qui est publiée sur le blog de Dominique Autrou : La distance au personnage, tandis que lui-même voit sa contribution figurer sur le blog de celle-ci, Paumée.

J’y ai réfléchi longtemps.
Tu t’es assez tu pour que j’affûte ma lame.
Tu m’as assez parlé pour que j’aiguise mon couteau.
Entre les deux il y a mille choses.
Le froid glacial.
La lande déserte, l’herbe givrée qui crisse sous nos pas.
La lune, pleine dans deux jours.

Si tu n’avais pas oublié ce foulard, on ne serait pas là, toi et moi. Tu serais en train de me consoler, de me dire d’être forte, en train de te rapprocher, une amie dont je serais incapable de comprendre les intentions. Les fleurs du cimetière pas encore fanées, j’imagine très bien ta voix doucereuse, tes mots vénéneux, comme un poison.
Quelques gouttes de sang sur un morceau de tissu égaré, c’est si petit. Mais dans chacune d’elles, sa vie pulse et la mienne avec.

Le faisceau de ma lampe torche.
Ta silhouette qui avance devant moi, sans plus oser se retourner.
L’odeur de la neige, la buée de nos souffles quand nous expirons,
nos voix qui se taisent.
Nos voix qui se taisent car tout est dit.

Tu n’as plus rien à faire ici.

Ce foulard, je te l’avais offert avant que tu ne partes.
Quelle belle ironie.
Parfois je me demande si tu l’as vraiment oublié.
Peut-être voulais-tu que je le trouve.
J’ai fini par m’en convaincre.

Tu vas voir.

Moi aussi j’ai le sens de la mise en scène.

Amélie Gressier

À quoi tu songes?

À quoi tu songes?

Mireille aux mirettes de myrtilles,
À la mélancolie facile,
Comme une mécanique,disent-ils,
Tu distilles le fil des journées
à l’ombre clandestine de la nuit.

Miirliton


Oh! mais là – moi qui hier
y comptais les myrtilles!
Que dois-je penser des tissus d’âme
où s’épousent nos songes?
Y verrais-tu venir
les fruits comme les ronces?

La mélancolie s’est vêtue
de mauves & de lunes.
Pendant qu’un amour nocturne
glissait de ses yeux.

Caroline D.

Rien dévoiler

Rien dévoiler

Le conte n’y est pas pour rien
Quand illustrer un moment d’histoire
Te permet d’arrêter le mouvement
La pensée cherche encore à s’y retrouver.

Rien dévoiler

De quoi parle t on ?
Du souffle de l’intrigue
Suspendu à tes mots

L’histoire reste à trouver!

mirliton


Il était une fois
& pourtant.

Un gamin rêveur,
un chafou de fuchsia
& un canidé
au museau gourmand.
Vraiment tout était là
pour un matin du monde!

Caroline D.

La vue de l’esprit

La vue de l’esprit

À vue de libellule tout brille de mille facettes
Facile, elle s’hypnotise à la lueur des chardons
& quand souffle un brin d’hirondelle
Elle se disperse, se dissout à tire d’aile
Tout flou, disparaitre , se dit-elle.

& miiirliToñ
Attente (Fausses couleurs )

L’intrigue

L’intrigue

Le théâtre de l’image
Sous une pluie de lumières
Déjà en place, les personnages.

Dans la salle, le silence
& toi, public captif des mots
toujours ravi de t’y laisser prendre.

« – Ma parole, vous ici!
– Je n’pouvais plus attendre. »

Caroline D
. 🪞 Mirliton

. « – Mais c’est le soleil qui témoigne
de nos amitiés en montagne.
Mon coeur y bat mieux de vous voir
et mon matin reprend espoir. »

« – Je vous épargnerai mes angoisses
de vous savoir souvent si loin.
Pourvu que les années qui passent
vous y remettent sur mon chemin. »

Et la grenouille dans l’étang
acquiesce d’un long coassement.
Quant à la vie, elle suit son cours.
Va la rivière et les amours !

L’irréaliste

morale des vœux

Dévots ?
Ni vache, ni couvée
Libre enfin délivrée des feuilles, du papier
Marche de long en large, les bras croisés,
le regard culotté, l’air exaspéré
La nouvelle est bien gardée
En voilà une année à grignoter
au bon plaisir de la réalité!

mįrlïTøń